intervenant : le projet de thomas




L’apprentissage oral dans les musiques traditionnelles du monde arabe :

 

            Dans les musiques traditionnelles arabes, la transmission se fait oralement de maître à élève, sans intermédiaire écrit entre le son émis et l’oreille de l’apprenant. Pédagogiquement, cette méthode d’apprentissage consiste en l’imitation d’une mélodie, pouvant aller jusqu’à sa reproduction dans les détails les plus infimes.

            Pour structurer cet apprentissage, on commence à travailler avec ce qu’on appelle (dans le monde arabe et turc) l’usul  ( prononcer OUSSOUL): il s’agit de frapper un cycle rythmique avec les mains selon une codification à la fois simple et précise, faisant apparaître les temps forts et les temps faibles. On identifie alors un rythme précis que l’on scande en même temps à la voix, et sur lequel on va ensuite chanter et mémoriser une mélodie. Cela demande un temps d’adaptation, car le fait de juxtaposer une mélodie et le rythme correspondant peut faire apparaître des difficultés polyrythmiques. Mais la répétition en petit groupe facilite beaucoup l’apprentissage.

            Le stade suivant consiste à aborder la dimension poétique, de première importance en musique arabe. L’objectif final est de pouvoir produire de mémoire, simultanément, une mélodie, un poème articulé en arabe et un cycle rythmique en faisant ressortir sa dynamique.

 

            Cette méthode toujours en usage au Proche Orient, en Asie et également au Maghreb est très efficace pour mémoriser de longues mélodies car elle offre une approche structurée du répertoire. Elle se fait de manière strictement orale, privilégiant par là même le contact immédiat avec la musique - ce qui n’empêche pas un recours ultérieur à l’écriture comme « aide mémoire » ou comme outil d’analyse. Pour se convaincre de l’efficacité de cette méthode, il suffit de voir ces musiciens du Maroc que l’on pourrait qualifier de « discothèques vivantes », qui connaissent par cœur des centaines d’heures de musique, avec toute l’articulation et l’ornementation adaptées à ce répertoire.

 

            On peut aussi, lors de ce travail, avoir recours aux percussions afin de mieux entendre les différents sons des cycles rythmiques. Il s’agit en particulier de percussions que l’on appelle « naqarat » ou « tbilat » qui présentent l’avantage d’avoir deux peaux, une par type de son, que l’on frappe avec des baguettes et qui appartiennent à la famille des timbales. Toujours dans le souci d’assimiler le contenu rythmique, on peut enfin associer des jeux corporels explicitant le cycle rythmique, ce qui permet du même coup d’aborder le thème de la danse, pratique indissociable du rythme même.

 

            Pour résumer, quel sera donc l’objet de notre travail ? Faire découvrir quelques uns des styles musicaux arabes du Maghreb et du Proche Orient, et proposer une approche d’apprentissage oral inspirée des méthodes traditionnelles en usage dans ces pays.

            Quel public ? Les lycéens, par ailleurs instrumentistes de cycle 3 dans des Conservatoires et écoles de musique. Ils seront amenés à jouer des rythmes en utilisant leur voix, en les frappant avec les mains puis sur des percussions, mais aussi en faisant quelques pas de danse, en chantant des mélodies, et en apprenant quelques vers de cette poésie chantée arabe.